Voilà c'est fini...
Mercredi 14 septembre 2011, 17h. Je commence ce billet sur ordre de Jérôme : « Tu écris, je mets les photos ». C’est vrai qu’un petit récap des derniers évènements est une bonne idée. Mais là, faut surtout commencer par LA nouvelle de la semaine : on a défendu notre thèse mardi matin, et vu que tout s’est bien passé, nous sommes donc tous les deux des heureux détenteurs d’un diplôme de Master de l’Université d’Oklahoma. Youhou !!
Voici donc le récap de cette année ici, version journal.
1er juin 2010, Paris : Encore quelques heures d’attente pour prendre l’avion. Les dollars sont dans le portefeuille, l’accent français est à couper au couteau. Mélange d’appréhension, mais surtout, surtout, d’excitation à l’idée d’enfin partir aux US après tous les déboires administratifs.
1er juin 2010, Norman : Enfin arrivés, après des galères d’avion.
Juin 2010 : Les gens ont tous des patates dans la bouche, les voitures sont toutes immenses, les gens sont super gentils. Quelques français rencontrés, mais l’intégration est pas immédiate. L’anglais donne mal à la tête.
Juillet 2010 : Le labo de chimie déménage, et nous, on en a profité pour emménager à la piscine, qui est devenue l’endroit où l’on passe le plus de temps. Les soirées se font plus nombreuses, les amis aussi. Une chose est sûre, la vie est chouette ici.
Août 2010 : On voit du pays, avec notre trip Las Vegas/ Grand Canyon/ San Francisco. Absolument génial. La conversation que j’ai eu avec mon advisor en juin (« dites, je sais que ça fait que 10 jours que je suis là, mais je peux prendre une semaine de vacances en août ?) me paraît maintenant comme l’idée du siècle. Après tout, on est là pour en profiter aussi. En rentrant de vacances, le campus est plein de filles en t-shirt et short de running, comme si elles allaient courir mais en fait elles vont en cours, mais maquillée comme si elles allaient en soirées. La moitié des filles sont blondes peroxydées, et les mecs de fraternité ont tous des polos Ralph Lauren orange, rose ou jaune, un short, et des mocassins. (nb : même après un an ici, je trouve que leur style est toujours aussi douteux).
Septembre 2010 : La saison de football commence, et c’est l’occasion de découvrir les joies du tailgate. C’est absolument inédit, et une ambiance comme ça est apparemment rare, même dans d’autres villes universitaires. C’est juste qu’ici, tout le monde est si fier d’être à OU, des centaines de familles se retrouvent autour du stade, branche une télé, allume le barbecue, et mange les burgers fraichement cuisinés, tout en discutant football et en buvant des bières. Beaucoup de bières. Aux US, boire dans la rue n’est pas autorisé, sauf les jours de tailgate, où c’est toléré (sous condition évidemment d’avoir 21 ans). La bière est même distribuée gratuitement par certaines entreprises : Halliburton par exemple a un stand distribuant gratuitement bières et nourriture. J’aimerai tellement pouvoir importer ça en France : pas de bagarres entre supporters, toute la famille se réunit, de la grand-mère aux p’tits enfants, et le football est juste devenu une raison supplémentaire de retrouver des amis, de la famille ou des voisins.
Octobre 2010 : Pas grand-chose à signaler, à part Halloween, LA fête où les filles peuvent se ballader dans des costumes franchement indécents (mais alors franchement franchement indécents !)
Novembre 2010 : Thanksgiving approche, et c’est l’occasion d’avoir un long week end et de partir en vadrouille, direction le Nouveau Mexique. Une fois de plus, voyage assez exceptionnel, avec le magnifique désert de sable blanc, les cavernes, Santa Fe.
Décembre 2010 : Il commence à faire froid, et le retour en France pour les fêtes approche. Le premier semestre est fini aussi, et on a tout cassé en chimie organique pour ce semestre. Moi je me souviens de rien d’autre !
Janvier 2011 : Une nouvelle année commence, et la résolution qui va avec est d’aller faire du badminton une fois par semaine. Sur ce coup, je suis plutôt fière de nous, avec Jérôme, on a tenu jusqu’environ juin si je me souviens bien. Je me souviens aussi d’un week end magnifique fin janvier, où l’on avait pu jouer au beach volley tellement le temps était magnifique est chaud, juste avant que….
Février 2011 : le blizzard arrive. L’université ferme une semaine, car il y a trop de neige et pas assez d’équipements pour tout déblayer. Moi je dis, ça fait des vacances, où le vin chaud est devenu la boisson officielleJ. Ils ont tous aimé d’ailleurs. A part ça, la biochimie nous prend la tête. Oups, ça, j’aurais déjà pu le mettre dans la rubrique « janvier ».
Mars 2011 : Springbreak, et notre super voyage à Chicago avec notre adorable Maude. Je sais plus combien de km en voiture, ni à pied, mais on a beaucoup roulé, et on a beaucoup marché.
Avril 2011. En avril, ne te découvre pas d’un fil, n’est pas quelque chose qui s’applique à Norman, Oklahoma. Le temps est magnifique, et annonce un bel été. On réalise aussi qu’on est beaucoup plus proche de la fin que du début. Plusieurs amis s’enferment chez eux dans l’optique de défendre leur master, et on se fait doucement à l’idée que notre groupe d’amis va sacrément diminuer dans les semaines à venir. Moi je suis allé à Memphis, pour un festival de musique, j’en ai encore les oreilles qui sourient.
Mai 2011 : On est exempté d’examen pour notre classe de biochimie, car on est trop bons, que voulez-vous. On avait des posters à faire sur un sujet, et le prof a jugé qu’on a fourni suffisamment de travail pour ne pas avoir à passer l’examen. Moi j’ai envie de dire parfait, vu que le dernier cours de bioch que j’ai ouvert devait remonter à mi-mars. Mai, c’est aussi la cérémonie de graduation, qui était absolument grandiose et magique. Se retrouver en tenue, au milieu de tous ces américains, défiler avec eux dans le stade, avec le discours de Gates et les feux d’artifices à la fin, c’est quand même une p*tain de cerise sur un déjà p*tain de gâteau.
Juin 2011 : mon prof me demande de me mettre à la thèse. Moi je me donne encore quelques semaines, et on en profite pour voyager du côté d’Austin et San Antonio. Chouettes villes, sûrement plus pour y vivre que pour visiter. Pas mal de nos amis partent les uns après les autres, et on sait déjà que ça va rendre notre départ plus facile en pensant qu’il y aura moins de personnes à qui il faudra dire au-revoir.
Juillet 2011 : L’écriture de la thèse avance doucement pour moi, mon prof me donnant des dates limites lointaines (« faut faire ça pour dans deux semaines ? faciiiiiile ». En fait non.) L’été est chaud, et bat des records de chaleur statistiquement parlant, les températures dépassant les 40°C allègrement tous les jours. Pas mal de piscine encore, mais le bronzage peine à être aussi poussé que celui de l’an passé.
Août 2011. L’écriture occupe nos journées, pas forcément 10 heure par jour, mais croyez-moi, c’est pas facile à rédiger, une thèse. Et en tout cas, c’est pas marrant. Les sorties piscines se font un peu plus rare. Jérôme rentre de France, après s’être fait opérer du genou.
Début septembre 2011 : les paperasseries sont plus nombreuses. Vous vous souvenez du début de l’Auberge Espagnole, quand Romain Duris va d’un bureau à l’autre pour trouver les papiers necessaires à Erasmus ? Ben nous c’est pareil, mais version US. Ils devraient donner un master juste pour avoir réussi à remplir tous les papiers dans les temps.
Le stress monte aussi, et quelques frayeurs sont au programmes : comment ça on a pas de salle pour défendre ? Les derniers jours de rédaction sont harassants pour moi, et j’ai fini par être presque dégoutée par ce que j’ai écrit. J’ai rendu la thèse sans la relire dans sa globalité, tellement je ne pouvais plus voir la voir en peinture. Et puis la défense approche. On se dit que le Power Point, ça va être facile. C’est pas que c’était compliqué, mais quand même beaucoup plus long que prévu. On peaufine notre prononciation des composés chimiques, on répète, on fait des fiches. On s’énerve, on travaille tard, on finit par plus dormir correctement. On mange, on pense à la thèse, on dort, on pense à la thèse. C’est du matin au soir. Jusqu’au 13 septembre.
8h30, heure américaine, je défends donc mon travail devant deux profs américains, et les deux profs français en vidéoconférence. Pareil pour Jérôme, à 10h30. On est bien habillés, on parle avec notre plus bel accent, on fait des grands sourires pour cacher nos cernes, et au final, on est bien moins nerveux que les quelques jours qui précèdent. L’heure de soutenance passe vite, et finalement les profs nous serrent la main en nous félicitant. Master !
Septembre 2011. L’anglais ne nous donne plus mal à la tête, mais on ne sait plus parler français non plus. Les mots anglais sont partout, et je m’excuse d’avance, je vous jure qu’on fait pas exprès. Les voitures ne sont plus si impressionnantes, et maintenant, quand on voit une golf 3 portes, on se demande ce que c’est que ce pot de yaourt tellement c’est petit. On s’est fait à la bière à 3.2° (si vous avez l’occasion de gouter de la Choc 1919, allez-y, c’est un délice), aux bars qui ferment à 2heures du matin, au voitures de polices partout que l’on reconnaît maintenant de loin. On s’est fait à la chaleur, à la piscine, et à l’esprit de l’université, où tout le monde est si fier d’étudier ici. On s’est fait des amis, de plein de nationalités, et on sait aussi qu’on ne reverra sûrement que très peu d’entre eux, et encore, ça sera surement des français qu’on re-rencontrera à l’occasion. On s’est fait à cette mentalité américaine parfois extrême, et souvent si contradictoire. Et si on n’est pas vraiment triste de quitter Norman, (après tout ce n’est que le début d’une autre aventure appelée chômage), le retour va être bizarre. Et je crois que tous les deux, on a envie de revenir, pas forcément ici, mais pour continuer à explorer ce pays si intéressant.
Je ne sais pas ce que Jérôme va en dire, mais pour moi, cette année ici a été exceptionnelle. Tout prend un caractère spécial ici. Un festival de musique, oui, mais un festival de musique à Memphis ! C’est comme si la chose la plus banale se transforme en évènement de l’année. On se dit qu’il faut profiter de chaque instant, car l’année passe vite. Et au final, cette idée de profiter de chaque occasion, c’est devenu un état d’esprit qui n’est pas prêt de me quitter. Ça m’a rendue beaucoup plus positive dans ma vie de tous les jours, et plutôt que de me dire : « ah, ce soir j’ai pas trop envie de sortir », ben au final je fais l’effort, en se disant : « hey, on part bientôt, faut en profiter ». Et au final, c’est toujours des bons moments. L’autre truc que je ne suis pas prête d’abandonner, c’est voyager. Partir en week-end, même si y’a 4 heures de trajet le vendredi soir, et qu’au final on a qu’une journée et demi sur place, ça vaut le coup. Chacun de ces week-ends sont des mini-vacances, et franchement, rien de mieux pour décompresser. J’ai vu tellement peu de choses en France et en Europe, ça va devoir changer ! (j'aurais pas dit mieux)
Et puis évidemment, on a appris plus que juste un peu de culture américaine. Mes collègues étaient indiens, vietnamien, pour seulement un américain, qui est encore très imprégné de la culture afro-américaine, et croyez-moi, c’est tout à fait différent de ce que l’on appelle culture américaine. Pas mal de nos amis étaient sud-américains. Bref, tout ça pour dire, je n’avais jamais vécu un melting pot comme celui là. Mais au final, cela ne fait que me rappeler ce dîner avec Ludovico, qui à l’époque m’avait convaincu d’aller faire une année à l’étranger. C’était pendant l’été 2009. Un collègue espagnol, rencontré pendant mon stage, m’avait invité à un diner avec entre autres sa copine colombienne, une amie allemande, une autre espagnole, un français qui avait passé 6 mois en Australie. C’était tellement bien d’avoir toutes ces langues autour de la table, avec tous les vécus, les préjugés aussi. C’est un peu pareil ici. Bref, tentez l’aventure. Ça vaut le coup !
Je pars de Norman lundi 19, avant d’aller à New York pour quelques jours. Si vous êtes sage, vous aurez un dernier bonus de mes aventures américaines. Jérôme, quand à lui, partira vendredi 23. Une chose est sûre, on sera là à la remise des diplômes. Car on a beau avoir vécu une super année ici, y’a beaucoup de gens qu’on a envie de revoir.
A très bientôt donc !
Nous, juste après le verdict ! A bientôt !